Et si on allait pêcher?

toujours dans le magazine Capital n°206 du mois de novembre dans le dossier spécial crise économique!


"Les agités de la bulle financière, dont l'unique préoccupation, en dehors de ruiner la planète, consiste jusqu'à en vomir, ne trouveront rien d'intéressant dans cette page: il parte de trop loin. les autres peuvent venir s'asseoir en lotus autour de moi pour méditer 'exemple de l'Islande. En moins d'une semaine, plus personne ne l'ignore, cette île glaciale et sympathique, financiarisée à l'extrême, est passée du statut de nation la plus riche du monde à celui de pays en voie de développement. A l'heure où nous écrivons ces lignes, ses 330 000 habitants revendent leur cachemires triple fil sur Internet pour se payer des boîtes de corned-beef. Et la laine s'épuise vite...
lorsque la crise a commencé à défoncer la porte de leurs banques, leur Premier Ministre s'est pourtant démené comme un caribou pour essayer de sauver les meubles. Il a appelé les marchés à la raison, nationalisé les groupes financiers, couru négocier à Moscou un emprunt de 4 milliards d'€ , somme faramineuse pour une nation aussi lilliputienne.Mais cela n'a pas suffi à éviter l'effondrement total de l'économie. Alors ce visionnaire a tourné sept fois sa langue dans sa bouche, il a planté ses yeux droit dans la caméra et il a tracé en quelques phrases le chemin que devra désormais suivre son pays.
"l'argent n'est pas tout dans la vie, il y a aussi les arbres, les glaciers, et le cri joyeux du goélands cendré dans le petit matin", a-t'il lancé en substance à ses compatriotes ébahis. Puis il leur a recommandé de laisser tomber une fois pour toutes les errances capitalistes et de revenir aux valeurs originelles du peuple viking. "Nous devons remonter dans nos bateaux et nous remettre à pêcher".

Eh bien, je dis: il a raison. Le pognon, la Bourse, les bagnoles, les écrans plats... Comment avons-nous pu nous vautrer si longtemps sous un tel horizon? Nous laisser aller à tant de vanités mercantiles? Le cri du goéland cendré dans le petit matin, ça, oui, c'est une belle raison d'exister. Et pêcher, les gars, pêcher de vrais poissons, avec de vrais filets et des manger sans les cuire, comme nos ancêtres. La vie. Simplement la vie.
Allez c'est décidé, je file m'acheter un hors-bord 150 CV. Parait qu'y a des promo sur les Riva tout acajou."




Y a t'il un juste milieu entre les vues du premier ministre islandais et le cynisme du journaliste?